
« Des lunettes munies d’une calculatrice que seule la personne qui les met peut voir. Nous cliquons sur un bouton et le reste se fait mentalement : nous avalons une pilule reliée aux lunettes et il ne suffit que de penser ce qu’on veut calculer! ».
Pas si bête : l’idée de la pilule connectant notre cerveau à un objet nous fait étrangement penser à des recherches qui sont actuellement menées par Google sur des pilules munies de micro puces électroniques.
Fascinant, non?
Cette invention n’a pas été conçue dans des laboratoires sophistiqués d’une université de renommée internationale par une équipe de lumineux chercheurs, plutôt, dans l’esprit d’une jeune élève du secondaire 1 travaillant à son projet dans un cours de … français!
À l’école secondaire André-Laurendeau de la commission scolaire Marie-Victorin (Québec, Canada), Joumana Fathallah (l’auteure de l’idée des lunettes « calculatrices ») est dans une classe offrant le programme du Baccalauréat international (IB en anglais et connu sous l’abréviation en français PÉI : programme d’éducation internationale) qui, entre autres, initie les élèves très tôt aux méthodes de recherche et de créativité. Dans un projet en français ayant pour cadre l’innovation scientifique et technique, un des contextes mondiaux de l’IB, ceux-ci devaient entretenir leur veille technologique de différentes manières.
Le projet
Comment, dans un cours de français, informer les jeunes adolescents de notre époque sur les récentes découvertes scientifiques en y ajoutant du plaisir?
Le projet était simple : il a été demandé aux élèves des groupes 122, 123 et 124 de choisir, à partir d’un site Internet, quatre innovations intéressantes et d’en analyser une qui, pour eux, constituerait l’invention du futur.
Par la suite, ils devaient en faire un poème en équipe de quatre à cinq. Ils obtiendraient aussi des points boni à une de ces conditions : soit modifier l’invention en y apportant leur touche personnelle dans un dessin, soit dessiner leur propre invention dont l’idée leur serait venue à l’esprit pendant qu’ils parcouraient d’autres articles sur d’autres inventions intéressantes.
Substance ÉTS
Substance Éts a été indiqué comme source de départ pour plusieurs raisons : en ligne, donc facilement accessible, il utilise le français comme langue d’écriture, est un site québécois, fiable de surcroit du fait qu’il est une structure universitaire.
Les préoccupations des jeunes
Les 89 élèves ont été fascinés par tout ce qu’ils ont découvert, les choix du futur étaient innombrables et variés : la maison flottante, Walkar, le rein bioartificiel, Stentrode, la vache numérique, Lightie, Fatbike, Nixie, Moley le robot cuisinier, Sure House, le Concorde, SkyJack, la cape d’invisibilité, Minimalist Shoe, l’impression 3D des organes, Cubesat, Tile pour retrouver les objets perdus, le concept de la lessive sans machine à laver, toutes les formes de drones, le caméléon artificiel, etc.
Cependant, les préoccupations sont surtout relatives à la santé (Stentrode, Nixie, le rein bioartificiel) et à l’environnement (électrodialyse pour dessaler l’eau de mer, du verre pour les routes, le plastique vert, la maison flottante, Sunroof). L’amélioration de nos conditions de vie leur tient aussi à cœur (Lightie, textile autonettoyant), même s’ils ne restent pas indifférents aux progrès scientifiques en eux-mêmes (robots de plus en plus performants). Et, jeunesse oblige, les loisirs les fascinent: écouteurs ajustables de Revols, Lexus Hoverboard …
Slams
Pour célébrer leur invention et ajouter du plaisir à l’apprentissage, les élèves ont appris à faire des slams. Cette forme poétique, qui libère l’expression, développe généralement des thèmes à caractère social. Par contre, ici, la formule était différente : célébrer son invention retenue sur Substance Éts dans un slam.
Les équipes n’avaient que 10 minutes pour que chacun des membres produise deux vers. Ensuite, elles déclamaient leur poème devant la classe. Imaginez une équipe de quatre adolescents en moyenne à l’esprit vif et au rythme libéré (mouvement des bras, des pieds, claquements de doigts) autant que la langue autorisée à visiter tous les méandres de ses registres. Voici quelques résultats :
Tile et l’app. Wistiki
Par Daria Gridneva, Joanie Potvin, Anne-Sophie Richard et Emy Robichaud
Slam sur le Stentrode
Par Antoine Beaulieu-Sauvageau, Antoine Cantin, Christopher Franco-Fuentes, Lassana Kanté

Un Stentrode
Belles publicités, non?
Innovation : morceaux choisis
Adam Zahrou, dans son amélioration de Cubesat, lui rajoute un système de propulsion et un radar pour s’orienter dans l’espace. Cubesat « sera aussi muni d’un système de communication avec les autres nano satellites afin d’éviter d’explorer les endroits déjà visités ».
Vanessa Pigeon, elle, suggère l’idée d’un étage inférieur tout vitré à la maison écologique flottante, pour observer les fonds marins et découvrir probablement d’autres espèces inconnues.
Daria Gridneva, créant son propre produit, le présente : « Le vernis à ongles parfait est une invention plus ou moins pour les filles. Ce sera une boîte au-dessus de laquelle il y aura une éponge avec cinq trous pour les doigts. Pour mettre du vernis, vous n’aurez qu’à mettre vos doigts dans les trous et attendre une minute, le temps suffisant pour que la machine dans la boîte vous fasse la parfaite manucure, avec la couleur et la taille des ongles que vous voulez! ». Pratique, n’est-ce pas, les dames?
Et le top des tops : critique des lunettes de Joumana
« On devrait les interdire pendant les examens de maths! »
Ah, les mathématiques! À chaque tranche d’âge ses soucis… Mais les coquins qui voudront oser trouver dans ces lunettes le moyen de se dépêtrer des formules et de leur calcul n’auront qu’à bien se tenir !
