
Des chercheurs affiliés au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) et du Département de génie mécanique de l’École de technologie supérieure (ÉTS) ont récemment annoncé la création d’un nouveau gel biocompatible pouvant être injecté directement à l’intérieur de tumeurs cancéreuses. Ce gel servirait de transporteur pour des agents anticancéreux visant spécifiquement à détruire les cellules cancéreuses.
Ce gel a été conçu pour transporter de façon sûre des cellules immunitaires antitumorales appelées lymphocytes T (un type de globule blanc) ou simplement cellules T. Ces cellules font partie de la réaction immunitaire naturelle du corps pour combattre les cellules anormales ou étrangères. Les cellules T s’attachent aux cellules anormales et libèrent des substances pour les détruire. Malheureusement, le corps n’en produit pas suffisamment pour leur garantir un accès à l’environnement des tumeurs et une persistance d’action suffisante pour « remplir leur fonction cytotoxique », selon les auteurs de cette recherche.
Pour les traitements réguliers de transfert adoptif de cellules, les cellules T sont idéalement prélevées du patient, mises en culture et multipliées au laboratoire pour être finalement réinjectées dans la circulation sanguine. L’issue espérée est qu’une augmentation de la concentration de ces cellules ait un effet bénéfique sur le traitement. Cette technique présente toutefois un inconvénient : on doit utiliser de grandes quantités de l’hormone interleukine-2, ce qui entraîne des effets secondaires importants chez les patients tels que des symptômes s’apparentant à la grippe, des nausées et des vomissements, de la faiblesse, une perte de l’appétit, etc.
Le biogel contenant les cellules T développé par l’équipe des docteurs Lapointe (CRCHUM) et Lerouge (ÉTS/CRCHUM) peut être injecté directement dans la tumeur cancéreuse ou juste à côté, ce qui présente deux avantages. Premièrement, cette technique nécessite un nombre considérablement réduit de cellules à cultiver en laboratoire, ce qui diminue la concentration d’interleukine-2. Deuxièmement, il permet aux cellules T d’attaquer plus spécifiquement la zone cancéreuse visée. En résumé, ce biogel est un réservoir cellulaire pour combattre le cancer.
Le biogel est une combinaison de chitosane et de gélifiants. Le chitosane est obtenu à partir de la carapace des crustacées, particulièrement les crevettes, et ne présente que peu de risque pour l’humain. De plus, bien que liquide à température de la pièce (environ 22 °C à 23 °C), le gel se transforme en un genre de tissu élastique, plus cohésif et aux propriétés mécaniques plus résistantes après l’injection, lorsqu’il atteint la température normale du corps, 37°C. Il est donc un véhicule parfait, non seulement pour les cellules T, mais aussi pour d’autres agents du système immunitaire, afin de les amener exactement à l’endroit désiré et nulle part ailleurs.
La vidéo suivante montre les propriétés mécaniques du nouveau biogel :
Pour l’instant, cette méthode a réussi les tests préliminaires en laboratoire, effectués au moyen de modèles in vitro de mélanome et de cancer du rein. Avec un peu de chance, les essais cliniques chez les animaux et les humains seront bientôt planifiés.
Plus d’informations sur cette recherche peut être trouvée à source.

Luis Felipe Gerlein Reyes
Luis Felipe Gerlein est étudiant au doctorat à l’ÉTS. Ses recherches portent sur la nanofabrication et la caractérisation de dispositifs optoélectroniques à base de chalcogénures de plomb, de nanostructures à base de carbone et de matériaux pérovskite.
Programme : Génie électrique
Chaire de recherche : Chaire de recherche du Canada sur les matériaux et composants optoélectroniques hybrides imprimés
