06 Jan 2017
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article de recherche
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Infrastructures et milieux bâtis
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Transports terrestres
Des infrastructures routières pouvant réduire les émissions polluantes


L’environnement urbain et l’aménagement des routes affectent le comportement des automobilistes. Plus la voie est large et le champ de vision périphérique dégagé, plus l’automobiliste moyen, se sentant en sécurité, est porté à appuyer sur l’accélérateur, ce qui augmente les risques d’accidents et de blessures. Mais ce n’est pas tout. En effet, lorsqu’un conducteur décide d’augmenter sa vitesse, il augmente en même temps sa consommation de carburant, source de polluants et de gaz à effet de serre, ainsi que le niveau de bruit émis par son moteur. Comment alors aménager les routes pour encourager les conducteurs à adopter un style de conduite moins agressif, et par conséquent plus sécuritaire et respectueux de l’environnement?
Luc Pellecuer, professeur au Département de génie de la construction depuis juillet 2016, veut intégrer la perspective de développement durable à la conception des routes en milieu urbain afin de les rendre plus conformes aux aspirations de la société d’aujourd’hui. Pour y arriver, il tire parti des mégadonnées GPS provenant d’appareils installés de plus en plus fréquemment dans les voitures.
Du génie industriel au génie de la construction
Luc Pellecuer détient un diplôme d’ingénieur français en génie industriel. Il passe sa dernière année au Département de génie de la construction de l’ÉTS et obtient une maîtrise. Son projet porte sur la conception des carrefours giratoires, infrastructures relativement nouvelles au Québec. Par la suite, il retourne brièvement en Europe (en France et en Allemagne), mais après quelques expériences de travail, il décide de revenir à l’ÉTS pour y effectuer un doctorat et développer ses habilités de recherche.
C’est là qu’il réalise que l’enseignement le passionne et que la recherche est le moyen parfait pour amener la société à faire des choix responsables. Son projet de thèse consiste à quantifier le coût environnemental lié à la gestion de l’entretien de la chaussée, facteur qui n’est pas pris en compte par le Ministère du Transport. En effet, les calculs actuels tiennent compte des coûts de la main-d’œuvre, des matériaux et même des « coûts usagers », c’est-à-dire les coûts liés au fait qu’une chaussée moins bien entretenue entraîne des frais de réparation et d’essence supplémentaires aux conducteurs.
Par contre, on ne tient pas compte des émissions supplémentaires générées par l’interaction non optimale des véhicules avec la chaussée mal entretenue. Les résultats de sa recherche sont concluants : les coûts d’entretien d’une chaussée sont environ dix fois moindres que les bénéfices environnementaux qu’on peut en retirer. Le fait de négliger nos chaussées a donc un impact phénoménal sur les émissions et ces dernières, sur notre société.
Les mégadonnées pour étudier l’influence de l’aménagement des routes sur les conducteurs
Luc Pellecuer mène actuellement à un projet de recherche qui s’inscrit en continuité avec ses études postdoctorales, effectuées au Institute for Transport Studies (ITS), Royaume-Uni. C’est là qu’il a développé des outils pour analyser les mégadonnées GPS fournies notamment par les programmes d’assurance automobile de type « payez selon votre conduite » (Pay How You Drive). Il poursuit ce projet en collaboration avec l’Université de Leeds pour cerner plus précisément les variables influençant le comportement des conducteurs, dans le but de fournir de meilleurs outils de prévision et de contrôle de la pollution automobile.
Loin de se limiter à la circulation routière, il étudie aussi les déterminants sociaux, culturels et environnementaux des comportements des usagers de la rue. Par exemple, pour les déplacements courts, quels sont les facteurs qui font que les gens choisissent de marcher au lieu de prendre leur voiture? Et surtout, peut-on influencer ce choix par des aménagements des rues plus accueillants pour les piétons? Il cherche aussi à établir les différents facteurs de la conception et de l’aménagement des rues qui contribuent à la santé, aussi bien mentale que physique, des résidents et des usagers. Comment atténuer le bruit routier? Par quels moyens limiter la pollution automobile? De quelle façon réduire l’empreinte visuelle des voies de circulations? Ses recherches ont donc plusieurs points communs avec d’autres disciplines et offre la possibilité de travailler de façon transversale. Il y voit aussi une opportunité de « protéger le public », devoir qui incombe à tout ingénieur.
Les étudiants intéressés par ce domaine de recherche sont priés de contacter le professeur Luc Pellecuer.
